Interview
Le Battle des Écoles : faire danser 700 enfants, un défi collectif et créatif.
Interview de Bouzid Ait Atmane. Propos recueillis par Fatima Rojas (juillet 2025)
À l’occasion de la première édition du Battle des écoles, Bouzid Ait Atmane revient sur une aventure collective hors norme : 700 enfants réuni·es à la patinoire Le Blizz de Rennes, une trentaine de classes accompagnées par une vingtaine d’artistes, entre concours chorégraphiques et rencontres intergénérationnelles. Pensé comme un détournement festif de l’imaginaire olympique, l’événement a permis à des élèves de se fédérer autour de personnages populaires, de découvrir la richesse des danses hip hop et de vivre une expérience inoubliable.
Dans cet entretien, il partage les coulisses, les défis et les perspectives d’un projet qui a marqué autant les enfants que les artistes et les enseignant·es impliqué·es.
En quelques mots, c’était quoi la première édition du Battle des écoles ?
C’est une opération qu’on a imaginée dans le but de faire danser un maximum d’enfants, de leur permettre de rencontrer un grand nombre d’artistes. Le tout s’est articulé autour des Jeux Olympiques, avec l’envie de détourner la symbolique du drapeau et de questionner la notion d’équipe.
On a invité une vingtaine d’artistes intervenant·es à travailler dans une trentaine de classes pour créer des spectacles et inciter les enfants à se fédérer en équipes autour de personnages de la culture populaire comme Pikachu, Albator, Princesse Mononoké… qu’ils et elles avaient choisis, dans lesquels ils et elles se reconnaissaient ou qui les inspiraient.
Tout cela a abouti à une grande rencontre avec 700 enfants à la patinoire Le Blizz, à Rennes. Une partie des enfants a présenté des spectacles dans le cadre d’un concours chorégraphique, tandis que l’autre partie a participé à un battle en format 25 vs 25. L’événement était encadré par le regard expert et bienveillant des artistes intervenant·es qui avaient accompagné les enfants pendant une trentaine d’heures.
C’était un moment très riche en émotions, autant pour les enfants, les parents, les artistes intervenant·es, que pour les équipes techniques et de production. Tout le monde a été touché par la sincérité et la qualité de ce moment.
Quel bilan tires-tu de cette première édition ?
J’ai surtout envie de le refaire ! Bien sûr, il y a des choses à améliorer. Par exemple, le procédé de sélection pourrait être repensé pour ouvrir davantage l’événement à un maximum d’élèves.

Est-ce que cela a permis de rendre la culture hip hop plus accessible à des enfants qui n’y étaient pas familiers ?
J’ai surtout envie de le refaire ! Bien sûr, il y a des choses à améliorer. Par exemple, le procédé de sélection pourrait être repensé pour ouvrir davantage l’événement à un maximum d’élèves.
Cela a aussi été l’occasion de faire infuser dans ces établissements des cultures nées d’enfants, d’autodidactes, dans le sillage du hip-hop ou de cultures proches. Ça a démocratisé l’accès à ces pratiques, donné envie à des enfants de danser, et leur a fait vivre quelque chose de fort – une expérience qui, je pense, restera longtemps avec eux.
« Cela a démocratisé l’accès à ces pratiques, donné envie à des enfants de danser, et leur a fait vivre quelque chose de fort – une expérience qui restera longtemps avec eux. »
Toi qui connais les battles depuis si longtemps, qui maîtrises l’art des battles concepts,
c’était ta première à cette échelle ?
Il y avait deux idées derrière ça. La première, c’était de faire un lien avec le reste d’événement (UNDER)GROUND, dans lequel s’inscrivait le Battle des écoles. Une vingtaine de propositions chorégraphiques étaient présentées un peu partout dans la ville de Rennes, notamment au TNB, à l’Hôtel Pasteur et au CCN.
L’objectif était de créer des passerelles entre ces propositions et l’événement des écoles, dans un format plus condensé. On voulait aussi montrer différents styles de danse, différentes générations de danseurs. Pour certaines classes, c’était l’occasion de voir leurs artistes
intervenant·es sur scène, en situation réelle de performance.
Cela a également permis de faire un pont entre des artistes plus âgés – dont la moyenne d’âge dépasse les 45 ans – et les enfants, avec un vrai dialogue générationnel qui rend ces moments précieux.
Il y avait aussi la volonté de présenter des esthétiques variées, portées par des équipes engagées. Et puis, dans la tradition des premiers battles auxquels j’ai participé, il y avait toujours au moins un ou deux shows. C’était important pour moi de maintenir cette tradition.